L’administration française n’est pas connue pour sa culture de l’innovation. Elle opte en général pour des solutions bien rodées, en s’associant à de grands groupes – le plus souvent internationaux (85% des contrats sont des acteurs non européens) – qui ont le temps et les moyens de concourir à des appels d’offres longs et fastidieux.
Résultat : une French Tech mise de côté, confrontée aux circuits de décisions complexes et non adaptés à la réalité des enjeux des technologies numériques. Une partie du marché délaissée, résultat d’une absence de volonté ou de prise de risque.
Cependant, en publiant le 24/12/2018 son décret « achats innovants », l’État français fait un pied de nez aux à priori et allège sa procédure de commande publique pour les activités innovantes.
Une administration en pleine émancipation
Ce décret, bien qu’expérimental pour une durée de trois ans, marque un tournant décisif dans les procédures – souvent archaïques – de l’administration française.
L’idée : simplifier les mécanismes de la commande publique via un marché négocié, dérogeant aux règles de mise en concurrence pour les solutions innovantes, dans une limite de 100 000€ HT.
L’objectif : booster l’innovation là où elle peine encore à s’imposer et aider les collectivités à franchir le pas.
Une bonne nouvelle pour les PME et les startups. Une bonne nouvelle également pour l’État et les collectivités qui y voient l’opportunité de se moderniser à tout point de vue, et ainsi de répondre le plus efficacement possible aux enjeux de la société et de la crise sanitaire.
En effet, les champs d’action sont multiples lorsqu’on parle d’innovation.
L’innovation peut permettre d’atteindre des objectifs de manière tangible : développer des technologies de la smart city ou du big data pour un environnement toujours plus écologique, fabriquer des équipements d’intérêts vitaux tels que des respirateurs ou encore gérer des bases de données « citoyens ».
D’une autre manière, elle peut participer à des objectifs moins tangibles, mais tout aussi importants – notamment la sécurité informatique et la protection des données.
Innovation oui, mais innovation française. En effet, de nombreux industriels réclament la prise en compte de la souveraineté comme critère d’analyse des marchés publics. Pour, d’une part, accompagner la reprise de l’activité, développer l’emploi et maintenir les meilleurs talents sur notre territoire. Et pour, d’autre part, répondre aux problématiques de sécurité des données de l’État et des collectivités.
De nouveaux outils pour une meilleure collaboration
En matière d’innovation, la France ne manque pas de ressources. Les startups françaises regorgent de solutions innovantes pour mettre les nouvelles technologies au service de la transformation des administrations.
L’État le sait bien et lance en 2019 à l’occasion du France Digital Day le premier Next 40, un groupement qui compte 40 startups, qui disposeront d’un accompagnement personnalisé et de référents auprès de différentes administrations. Au-delà de ça, un programme « French Tech Central » permet d’installer, de manière permanente ou occasionnelle, des administrations et services publics dans des lieux représentatifs de l’écosystème French Tech. L’objectif : favoriser la prise de rendez-vous avec ces institutions ou mettre en place des ateliers.
En parallèle, des outils de référencement de startups innovantes à destination de l’administration et des collectivités voient le jour. C’est le cas par exemple de Solainn qui créé un référentiel pour identifier plus de 400 solutions de 200 entreprises du numérique de France. Ou encore La DINUM qui proposera prochainement son catalogue d’outils et solutions numériques.
Pour résumer, innovation et administration n’ont pas toujours fait bon ménage, cependant l’adage est en passe de devenir obsolète. L’État confirme de plus en plus l’ambition de se moderniser et de développer l’industrie française.